L'instant Décalé # 42

L'instant Décalé



Olivier Dominguez

Episode 42 : 27 Juillet 2018

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Ce soir je vais vous parler de l’Afrique. Le climat de ces derniers jours, les vacances, la journée internationale du fonio, tout ça ne pouvait que m’évoquer le continent noir.
 Oui, aujourd’hui c’est la journée internationale du fonio. C’est également la SysAdminDay, entendez par là, la journée mondiale des administrateurs système, un truc somptueusement ridicule dont j’ai absolument rien à foutre.
Je vais donc vous parler de l’Afrique, et commencer par vous poser la question existentielle du jour : Qu’est-ce que le fonio ?
Le fonio est tout simplement une céréale cultivée depuis des millénaires en Afrique de l’ouest. Et comme souvent, cet ancien plat du pauvre est devenu une denrée à la mode avec une ascension incessante de son prix. Rapport au phobique du gluten.
Mais en fait, on devrait plutôt dire les fonios. Car il existe le fonio blanc et le fonio noir. Alors je vais pas m’étendre sur le comparatif entre les deux variétés, comparer le noir et le blanc est un sujet délicat en cette période de communautarisme fascisant, et surtout, ce serait reconnaitre que le germe de l’un est beaucoup plus petit que l’autre et admettre, que, et oui, encore une fois, je fais partie de la catégorie des petites queues. Mais je m’en fous !    
Je ne vais pas non plus m’étendre sur le « qui que quoi comment » on en est arrivé là, à fêter cet aliment inoffensif chaque année. Un jour, vous verrez qu’ils vont nous instaurer la journée mondiale des gaz, pour faire ressurgir de sous terre la discipline reine des amuseurs publics de la IIIème république, à savoir… le pétomane.    

Je vais plutôt vous parler de l’Afrique, de ses contes et légendes, de cette vision colonialiste qui me fait tant rêver, le fantasme de tout aventurier, le Koh Lanta du siècle dernier, où tu avais plus de chance de revenir avec la chtouille qu’avec un chèque de 100.000 Euros.
« La coloniale, toute ma jeunesse » répétait papi Fernand. « Des mois à défendre l’honneur de notre pays, en zone ennemie, jusqu’au bout de la nuit… Jusqu’au petit matin, on était là, une bouteille de whisky dans une main, une sublime naya dans les bras, à déjouer les plans de la police militaire pour pas se faire choper après le couvre-feu. » Toute une histoire !
« Des calembredaines tout ça » qu’elle répétait mamie Suzanne, sa femme… Mamie Suzanne, qui avait la particularité d’avoir deux kystes : un petit kyste, dans le bas du dos, et un gros, kyste tripotait dans son dos. 
Et des histoires, papi Fernand il n’en manquait pas. Des histoires et des personnages. Il en existe tant de personnages mythiques dans cette belle Afrique.
Qui se souvient encore d’Abu Obaida Hassan, le musicien le plus mystérieux du soudan, avec son tambour à cinq cordes issu de la grande tradition nubienne, auquel, rebelle, il installa une sixième corde, la corde du vide.
Et de Gédéon. Gédéon, le fameux coupeur de tête convertis en éleveur de poulet, qui devint, en son temps, le premier exportateur d'entrailles de volaille pour tous les marabouts de l'Afrique australe. Et comme tout est bon dans le poulet, et que rien ne se jette, il eut l’idée géniale de récupérer les caroncules pendouillant des gallinacés, pour les refourguer au milieu médical comme prothèse de lèvres vaginales pour femmes de plus de 70 ans. 
Et Léopoldine. La Léopoldine, celle qui travaillait toutes les nuits au Tropicana, un bar à putes tenu par un ancien légionnaire corse. La Grosse Léopoldine, aussi surnommée " l'éléphant d'Afrique " quand elle s'affalait sur le divan pour attendre les clients, ou encore " Lélé fente à fric ", quand elle les avait attrapés. Et A Lélé… plus t'en met plus t'es gai. Gai avec un i, bien évidemment.

Et sa copine Jeannette, qui se faisait appeler " mémère bouffe bite " à cause de l’air qu’elle chantonnait à longueur de journée

« L'centrafique c’est fantastique
et Mamadou plein de sous,
viens que j' t'pique ton fric
donne-moi tes sous et j't'offre mon trou. »

Ah Jeannette, que de souvenirs ; Elle avait un petit crocodile qu’elle promenait en laisse, le soir dans le bar… Coco. Un tout petit crocodile, qui ne faisait pas de bruit, non qu’il soit muet, mais comme il trafiquotait un peu de chichon à droite à gauche, Il savait être discret. Ca l’a pas empêché de finir au gnouf, dans une vitrine Hermès au bras d’un mannequin en résine ; D’où l’expression, « quand le Coco deal, les sacs à main dansent. »
Tu la connaissais pas celle-là Didier ? Il en existe une autre, célèbre de l’autre côté de la méditerranée, un dérivé de nos campagnes : Faut pas pousser Mamadou dans les cactus.

Mais bon, il est temps de revenir au présent. Et Comme on dit chez Michel « Afrique, Adieu » et chez Jacky, du camping des flots bleus « un Ricard sinon rien » mais surtout, comme on dit dans l’instant décalé de Mavrica « la musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots » écoutons tout de suite un petit rock africain avec les Songhoy Blues et leur cover des Clash « Should I stay or should I go ».

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