Instant Décalé # 39

Instant Décalé # 39

Olivier Dominguez

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Lundi, pendant qu’une partie de la populace taffait, j’étais allongé en maillot de bain une pièce sur un transat au fond du jardin, un livre de Blaise Cendrars entre les mains, livre abandonné depuis plusieurs mois sur une étagère encombrée de ma bibliothèque, et retrouvé au hasard d’une errance dans les rayons poussiéreux. Et en guise de marque page, au milieu,  un ticket de carte bleue, vieux vestige d’un passage à la pompe en 2017 dans une station de l’agglo dont je tairais le nom. Et dessus, inscrit en manuscrit sur la façade du bout de papier, marqué d’une encre noire à peine effacée, le mot sternutatoire. Voilà, en gros,  comment naissent les thèmes de mes chroniques, car c’est de cet adjectif que l’on va parler ce soir.
Mais avant, je voudrais faire un petit aparté sur Balise Cendrars, un auteur que j’affectionne particulièrement. Dans son récit souvenir « le lotissement du ciel » l’ouvrage cité précédemment que je tenais entre mes mains, et que je posais à l’occasion sur différentes parties de mon anatomie pour atténuer les effets pervers du rayonnement solaire, il aborde des moments de sa vie, des réflexions, et traite également dans un chapitre, de la vie du frère Joseph de Cupertino, très connu pour ces faits de lévitation. Mais surtout, reconnu pour avoir été le premier à voler en marche arrière. Réussite qui s’explique par des pratiques ascétiques très intenses, détaillées page 1017 du Tome V des « Acta Sanctorum » :
- « Verum quo majus erat internum gaudium excommunicatione cum deo, eo durius corpus suum tractabat ! »
Pour ceux que l’idée de traduire intéresse, vous pourrez retrouver l’original d’ici la fin de semaine prochaine sur le blog de Mavrica, si Didier ne traine pas trop. Je ne veux pas vous influencer, mais il semblerait que ce soit le secret de la lévitation rétro-circulatoire.
Mais recentrons nous sur l’essentiel, à savoir, le sternutatoire. Définition s’il vous plait. Quelqu’un aurait-il une petite idée de ce signifie l’adjectif sternutatoire ?
Non ! Je cite : Sternutatoire, ce dit de quelque chose qui irrite les muqueuses et provoque des éternuements.
Nous parlons donc des muqueuses… nasales. On est bien dans le domaine médical. Rien à voir avec ces exercices ludiques des quinquagénaires flasques qui se badigeonnent les surfaces sensibles des parties intimes avec du poil à gratter pour pimenter les samedis soirs au plumard.
Les références ici doivent rester purement mé-di-ca-les !
Alors question, qu’est-ce qui pourrait être sternutatoire ? Le pollen, le poivre, la cocaïne…  L’odeur !!?? Tiens, c’est intéressant ça. Une odeur peut-elle être sternutatoire ? Une odeur d’aisselle mal récurée par exemple. Et si en plus, elle n’est pas rasée, et que la proprio de la terre en jachère est sujette à un dérèglement des glandes sudoripares et qu’elle pratique un décrassage en profondeur les jours impaires du calendrier grégorien et que le réchauffement climatique s’y met à son tour, effectivement, l’odeur peut-être classifiée comme élément sternutatoire. Je parle des aisselles, mais l’entrejambe peut aussi figurer dans la liste des terrains propices au dégagement olfactif référencé ci-dessus.
Alors vous me direz… rien ne m’oblige à foutre mon pif dans ces coins-là. C’est pas faux. Enfin… Sous les bras… oui, ok ! Mais… pour la… enfin bref.
La langue c’est une muqueuse, je crois. On appelle ça comment, une irritation de la langue avec sensation de brûlure ?
Je vous avais prévenu qu’on allait rester dans le domaine du médical. Et c’est pas joli-joli ! Les infirmières en bas résille qui te tapotent les fesses avant de te mettre une piquouze dans le fion, c’est le bon côté de la maladie. Mais c’est très rare aussi. Le plus souvent, c’est dégoutant.

Et c’est pour ça que je voulais profiter de cette chronique pour dire un grand, grand merci à tout le personnel peu reconnu du milieu médical. Celles et ceux qui, coincés entre les souffrances des malades et la pression des financiers, ces pourritures qui brandissent si bien leurs auréoles devant les médias, savent rester fidèles à leur conscience professionnelle et leur grand cœur et affronte chaque jour avec courage, ce que la clinquante société moderne s’empresse de cacher pour ne point gâcher le plaisir et l’envie de la frivole vie des consommateurs.
Et quoi de mieux pour leur rendre hommage qu’une bonne chanson. « La musique commençant là où s’arrête le pouvoir des mots » je ne vous apprends rien, rendons leur hommage avec cette légèreté si particulière qui nous symbolise. Et j’ai choisi Elmer Food Beat avec, Madame l’infirmière.

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