Instant Décalé 44

L'Instant Décalé



Olivier Dominguez

Episode 44 : 14 Septembre 2018


Ce soir je voulais vous parler du Tâla. Savez-vous ce qu’est le Tâla ? Non. Jusqu’à il y a pas très longtemps, moi aussi je l’ignorais. J’ai cru au début que c’était le nom de la langue parlée par les habitants du Talabitkistan, mais comme ce pays n’existe pas, je me suis dit que ça devait pas courir les rues inexistantes les gens inexistants véhiculant vocalement un idiome inexistant. J’ai donc dû me résoudre, à admettre que…  j’étais dans l’erreur. C’est tellement rare. Mais j’étais pas très loin de la vérité. En fait, le Tâla est bien une forme de langage, mais quelque peu différente d’un dialogue basé sur une communication entre individus. Et pour les fans des inconnus à trois facteurs, je dirais juste « Non !! Le Tâla, n’est pas tabou. (« Le Tâla, c’est tabou ! » ça vous parle ça) Le Tâla, c’est pas tabou, c’est juste compliqué. Dans la musique savante hindoue, le Tâla est d’une structure comportant un nombre fixe de schémas métriques exprimés lors de l’apprentissage par des onomatopées vocales. Voilà, ce qu’est le Tâla. Tâla, avec un accent circonflexe sur le 1er A. Parce qu’il en existe bien d’autres mais on va pas tous les énumérer ici.
Alors malgré la définition précise que je viens vous donner, je trouve que ça reste très flou concrètement. Mais une chose que je pressens, c’est que ça doit être à peu près aussi triste qu’un adagio de Samuel Barber. Triste, complexe et chiant. Un peu, comme le fut en son temps le boustrophédon.
Le fameux boustrophédon, tiré de l’observation des bœufs labourant un champ, dont je n’ai pas besoin de préciser ici ce que c’est. Cependant, je voulais apporter une petite précision, concernant la lecture de cette écriture archaïque. Car comme vous le saviez, le boustrophédon est une vieille écriture. Et sa lecture précisément s’exécute en passant par l’inversion des lettres non symétriques par rapport à un axe vertical, contrairement à la version colimaçon qui elle se lit suivant le déplacement circulaire du support. Il me semblait important d’apporter ces précisions pour clarifier la compréhension de ma chronique.
Mais tout ça vous me direz, c’est bien. C’est bien mais on n’y comprend toujours rien. De là à penser que ces foutues explications sont encore une théorie amphigourique des intellectuels germanopratins issus de l’empiriocriticisme du XIXème siècle, chère aux confrères du cercle de Vienne, bien évidemment, et déclamée de façon philippique à un auditoire tout acquis, (tout acquis, en deux mots) un auditoire tout acquis disais-je, que certains ont dû nuancer, tantôt en oaristys, tantôt en macaronée, pour une traduction plus adapté en kwa. Mais le Kwa (K-W-A) c’est quoi  (Q-U-O-I) ? Me demanderont ceux qui n’ont pas décroché au bout du cinquième mot de plus de cinq lettres. Le kwa est tout simplement un groupe de langue nigéro congolaise.
Alors je vais pas m’étendre sur le sujet, vous me connaissez suffisamment maintenant pour savoir que l’association des mots langue et Afrique provoque chez moi une montée vertigineuse de pensées lubriques. 
Ca me met dans un tel état que, pour me calmer, il faut me faut ensuite parler d’ophioglosse, de scolopendre, de fistuline et d’autres langue d’animaux. Où de ce que l’on appelle aussi la langue verte. Vous savez ce que c’est la langue verte ? Ca n’a rien à voir avec  un quelconque dialecte Végan, non. Rien à voir non plus avec le fait de lécher le fion d’une vache. La langue verte, c’est  juste un synonyme de l’argot.
Y’a des gens comme ça qui parlent des langues colorées. On en connait tous. Moi j’en connais un, un poète chilien, Atahualpa Yupangui, qui sentait un peu la rose quand il exprimait ses pensées profondes. Ca vous dit quelque chose Atahualpa Yupangui ? C’est un lointain cousin amérindien de Yavoni Rashkatan, que tout le monde connait ici.
Atahualpa s’exprimait aussi parfois dans une langue plus pimentée, parfumée aux essences d’aromate lorsque, avant une séance d’écriture, après avoir ingéré ces œufs mimosas à la cannelle, il s’écriait : bffanwff wowofff nungfff ggiff !
Un message plein de sagesse. Un peu confus, je dois l’avouer, mais rassurez-vous, je travaille ardemment à son décryptage.
En attendant, avant de se quitter en musique avec Tostaky de Noir Désir, je vous laisse méditer toute la semaine ce proverbe africain qui dit : « Celui qui se lève tard, ne voit jamais la tortue se brosser les dents le matin »


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Resto Basket

The Freakadelic Bottle Club