Instant décalé #19

L'instant Décalé

présenté par



Olivier


Aujourd’hui je voulais m’intéresser aux mots à double, voir à triple sens, comme celui sur lequel je vais m’acharner ce soir. Ça existe, et il y en a même qui ont jusqu’à quatre définitions. Et oui, vous entendez bien mon cancannement, car c’est bien du canard que je vais vous parler. Je vais essayer de vous faire deviner les différents sens ? Donc, on a l’animal… le journal… la fausse note… et aussi le sucre imbibé d’alcool au fond d’une cuillère. Une image qui rappelle pas mal de souvenirs à certain non, la tronche imbibée au fond d’une cuvette. Je ne citerais pas de nom par respect pour Joël, mais… Oups !


Mais bon, on s’en fout, de toute façon c’est pas celui-là que j’ai choisi. Car entre les noms et les verbes, on peut dire que le choix ne manque pas. Et comme fallait bien en choisir un, j’ai fait un tirage au sort un peu… même carrément pipé dès le départ. Et donc, le gagnant est… roulement de tambour… le verbe oblitérer. Un terme fréquemment utilisé pendant plus d’une centaine d’années, jusqu’à ce qu’un technologue d’internet invente le mail et rende ce mot totalement désuet ces dernières années. Mais, pour ceux que certaines institutions obligent encore à pratiquer l’usage de cette antique méthode, ils ont désormais la chance d’être confronté à une grosse machine tout en un, et c’est pas Jocelyne qu’elle s’appelle, généralement installée tout prêt de l’entrée de l’office, en plein courant d’air, avec pour seule vocation de te faire timbrer toi-même ton courrier pendant que, à quelques mètres de là, une guichetière, Jocelyne, au séant aplati par la galette en skaï de son tabouret rotatif, puisse désormais se pencher sur ces nouvelles activités de VRP multicartes.

Alors pourquoi oblitérer, vous vous demandez, puisque, dès le départ, j’ai triché lors du tirage au sort ? A quoi je vous répondrais… aucune idée ! A part peut-être que j’aime bien m’offrir des pots de vin à moi-même et que ça me donne un air gangster de manipuler le destin. Parce que le choix de ce mot est certainement le seul et vrai hasard de cette histoire.
Même si je dois m’exclamer, en croisant les doigts derrière mon dos, loin de moi l’idée de me moquer de nos pauvres préposés au rayon timbres et enveloppes, victimes non-consentantes de la mondialisation et de la fin du communiste, et reconvertis de force en préposés chargés de placer des contrats téléphoniques merdiques (ma rime a un vécu), de l’ouverture de PEL, de la vente d’emballages cartonnés et de la gestion de l’agenda d’Arlette Le Pantu, organisatrice de soirées fines et accessoirement maitresse d’Arnold Belpogne, sénateur du 3ème district de Vaison-la-Romaine et directeur d’une concession de huit bureaux de poste. Et n’y voyez pas non plus une intention sournoise de ma part de pointer du doigt
les manigances pécuno-politique des pourris de droite et des enfoirés de gauche. Sachant que l’inverse est également valable, n’y voyez pas non plus une tentative de stigmatisation spécifique de ces rapaces égocentriques. Je sais pas si le gars qui a inventé le mot « stigmatisation » a pensé à déposer un brevet, mais en ce moment il pourrait se faire… un pognon monstre.
Mais restons concentré sur le mot oblitérer et son triple sens. On va faire un petit jeu, et je vais vous demander de me citer les trois significations du verbe oblitérer :
La première, la plus connue… c’est ça, apposer une marque spéciale sur un timbre pour le rendre impropre à un second usage. C’est la définition exacte.
La deuxième est plus littéraire et signifie… faire disparaître, effacer.
Et la troisième, incontestablement ma préférée, peut être interprétée ainsi… boucher, obstruer un canal, un orifice. Action pratiquée fréquemment par Didier à l’aide de son index pour retarder la sortie de son pet.
Mais pas que ! Un rituel qu’il aime également pratiquer chaque vendredi soir, en fin d’émission, lors de la photo de groupe et qui fige, sur mon doux visage, une expression de grimace crispée. Didier, je dois vous l’avouer ce soir, est un oblitérateur d’anus compulsif ! Petit message aux invités : faîtes gaffe à vos fesses tout à l’heure pendant les photos.
Dans le domaine musical, nous avons aussi un vocabulaire à double consonances. Le piano, rythme lent et instrument de musique ; le soprano, voix grave et voix de marseillais.
Par contre, l’allégro ne rentre pas du tout dans cette catégorie. L’allegro n’a qu’une signification et n’est surtout pas à confondre avec le très moderne « allez gros, wesh ma gueule, ta mère la pute » qui s’écrit en deux mots. Non ! Il s’agit, dans ce premier cas très précis, d’un allégro beaucoup plus subtil. Beaucoup plus rythmé. Beaucoup plus musical.
Et pour finir, je voulais aussi évoquer les mots à double sens dans le genre calembour. J’en ai trouvé quelques un sur internet que j’aime bien, je vous ai fait une très courte sélection.
Alors on a « expatriées » : Anciennes petites amies mal rangées.
On a le gospel aussi : enfant avec un coup de soleil
Et, un plus gentillet, qui m’a fait tout de suite fait penser à Albino ; La Péniche : le zizi portugaiche. Et enfin, le dernier, spéciale dédicace à Didier, avec le romarin : le romarin, c’est  tout le contraire du pet terrestre.
Y’a  des gens, tu prononces juste « le pet » et un sourire illumine leur visage. Pour d’autre, il suffit de susurrer « Ivaahny » et ça suffit. Chacun son truc.

Alors comme « la musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots » je voulais finir avec une chanson où l’oblitération ferait rimer le bout des couplets et un peu des refrains aussi, mais bon, j’ai pas trouvé. Alors, je me suis dit que valait mieux que je m’affranchisse de ce mot et… et puis voilà, le déclic. Et tout en restant dans la résonance postière, on va écouter Alexis HK et un morceau intitulé « les affranchis »



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