Instant Décalé # 22
L'instant Décalé
Présenté par
Olivier
Episode 22 : 22 Décembre 2017
Ce soir, on va parler
relique. Mais pas n’importe laquelle. Une relique particulière, une relique que
les scientifiques et autres anthropologues eurent beaucoup de mal à identifier, à cause notamment qu’elle fut quelque peu mâchouillée aux
extrémités par un clébard affamé. Il en a fallu du temps pour que ces
spécialistes se mettent d’accord, mais aujourd’hui, l’annonce est officielle.
On a retrouvé un os du père noël ! Là-bas, au pôle nord, un squelette
dépouillé de son attirail fut découvert en 1957 par un escadron de prédicateur
en vadrouille, dans le grand froid, pour tenter de convertir les derniers
pingouins et ours polaire d’une vie dans l’au delà où règne la paix éternelle.
Mais la vraie question,
maintenant que le fait est établi concernant ce fémur, auquel dudit père Noël
appartient-il, ce bâton de calcium fixé entre la hanche et la rotule ? Car
depuis plus d’un siècle, depuis qu’une grande marque de poison édulcoré a
relooké ce personnage mystique en symbole de générosité et de partage,
permettant ainsi aux charitables âmes commerciales de passer leurs vacances
dans un 5 étoiles de l’hémisphère sud, il en est passé des générations de
barbus blanchâtres et bedonnants. C’est que le père noël originel, en blouse
rouge, et la mère noël, en jarretelle noire, en ont engendré des portées de
progénitures pour assurer la relève de l’usine à rêve.
Alors, à qui appartient-il
cet os ? Au père fondateur, au fils, à l’arrière-grand père du dernier
descendant ? A qui est-il ce foutu amuse gueule de toutou ?
Personne n’en sait rien,
mais c’est aussi ça la magie des reliques, ces objets sacrées qui fidélisent le
client et engrangent de l’argent, un peu comme la carte de fidélité des grandes
enseignes commerciales. C’est qu’ils n’ont pas chômés le St suaire et la savate
de Laon depuis tous ce temps, ils ont bien joué leur rôle pour flouer le
gugusse et entretenir la légende auprès des simples d’esprit.
Mais j’en connais une
autre de relique, un truc magique, mystérieux, que l’on pourrait croire éternel,
une chose qui se cache pour mourir loin des yeux des occidentaux et se
désagréger dans une sorte de cimetière secret. Y’a des choses comme ça qui partent et qui
reviennent, comme le boomerang, dont on a parlé il n’y a pas si longtemps,
ou… ou la vie trépidante d’un préservatif, avec ses éternels aller-retour
jusqu’à ce que l’usure provoque l’anéantissement de l’objet. C’est la vie,
c’est ainsi. Tu vois Didier, pas la peine de te tracasser pour le destin brisée
de ta capote l’autre soir avec la Marie couche-toi là de la place de Loire, c’est
naturel ! Ca vient de ça, ça vient là. Ça ne vient pas du blues. Le blues,
c’est autre chose. Le blues c’est la mélancolie, c’est crier dans un champ au
milieu de nulle part. Le blues, c’est aussi ce qui te donne l’envie d’aller
sautiller sur la voisine ces longues journées où la solitude te pèse.
Mais
on s’éloigne. Donc, il y a ces choses qui vont et qui viennent, et d’autres qui
partent sans se retourner, sans jamais revenir sur leurs pas, se retirent dignement
pour aller mourir sur un site dédié, isolé de la civilisation. Ainsi est le
parcours des voitures françaises de plus de 9cv. Servir une dernière fois,
avant de s’éteindre dans une espèce de lieu mythique, gigantesque cimetière de quatre
roues rafistolées du compteur jusqu’aux culasses, de pachydermes automobiles
qui polluent plus qu’ils n’avancent, et de deux roues pétaradant suffisamment
fort pour réveiller un député en pleine session parlementaire.
Et parmi ces automobiles,
la 504 Pigeot ! Celle qui tant de fois a traversé la méditerranée pour
retrouver ses camarades exilées et devenir carcasse dans les faubourgs de
Marrakech ou les contrée éloignées de l’Atlas. 2500 km en azimut brutal, pour
aller mourir au soleil, même pas peur. La Pigeot, elle est capable de
s’enquiller des kilomètres de bitume pour aller mourir de soif à trois
kilomètres d’un oasis. En Afrique, la 504, c’est un peu la Jésus Christ de
l’automobile : spécialiste de l’aquaplaning, certains disent l’avoir vu
roulé sur l’eau. D’autres affirment, qu’elle est capable, grâce à ses gros
phares rectangulaires, de rendre la vue à tout un village du Ténéré dépourvu du
pouvoir de nyctalope. Ou encore, qu’elle transformerait le gasoil en micro
particule inoffensive. Enfin, d’après sa bible. Ainsi que celle de Volkswagen, Audi,
Renault, Citroën, Porsche, Bmw, Lada, Alfa, Traban et Ligier (je crois que j’en
ai cité assez)
Et si ça peut acquitter la
conscience des ultra-consommateurs, comme le dit le dicton, loin des yeux, loin
du cœur. Allez-y, consommez, consommez,
y’aura toujours des miséreux pour accueillir vos déchets, de l’autre coté des
mers et des océans, sur ces continents pauvres où la tradition est de recevoir les
ordures de l’occident.
Mais bon, finissons sur
une note d’optimisme, et comme « la musique commence là où s’arrête le
pouvoir des mots, » on va écouter une célébration de Noël… bah je vous
laisse deviner tient ! Vas-y
Albino, envoies les notes.
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