Instant Décalé 46
L'Instant Décalé
Olivier Dominguez
Episode 46 : 12 Octobre 2018
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Comme convenu, nous allons
aborder la seconde partie de notre série sur les instruments loufoques. Et ce soir, on va plonger dans le mystérieux
monde de l’aérophone. Plus particulièrement, celui des flûtes venant tout droit
d’Amazonie : la flûte nasale, la flûte en os, et la plus connue de toute, la
flûte brésilienne, du Bois de Boulogne.
En ce qui concerne les
deux premiers spécimens, ceux sont deux instruments très usités par le peuple
Wayanas, peuplade chaleureuse du village de Twenké, un petit hameau bourré de
charme à deux heures pirogue de Maripasoula, un village où se tient, je le dit
pour ceux que ça intéresse, chaque mercredi après-midi sur la place centrale,
un atelier de fabrication de flûte en PVC, animé par Didier, le plombier Talabitkistanais.
Et parmi cette peuplade isolée, on trouve également un homme, Makuwé Pimkani, facteur
du village et accessoirement artisan flutiste autodidacte, qui lui n’est pas un
Wayana comme le reste des villageois, mais appartient à la tribu des Apalaïs.
C’est pas important pour le reste de l’histoire, mais j’avais envie de le
préciser. Makuwé donc, a conceptualisé deux flûtes que l’on ne retrouve nulle
part ailleurs : la flûte Kapau Yetpë, en os de biche, et la flûte nasale
Patete, qui se trouve être une flûte à encoche comme le sont les quenas andines
ou les shakuhachi japonais. Ca par contre, c’est important de le préciser.
Et à Twenké, la flûte
Kapau Yetpë, c’est un peu l’équivalent du cabriolet en Occident. C’est le truc
indispensable si tu veux te vider les couilles sans avoir eu à te remplir la
tête avant.
Là-bas, si tu sais manier le pipeau, t’as pas besoin de gros
biscottos. Ca fait partie du top trois de l’attirail du parfait dragueur
Wayanais, avec le slip en cuir jaune moutarde et la cicatrice au milieu de la
poitrine.
Et pour celui qui ne
dispose d’aucun de ces trois atouts pour tirer un coup, dites-vous qu’il reste
toujours la fameuse flûte du bois de Boulogne pour se satisfaire.
Mais restons concentré, la
culture c’est du sérieux.
En ce qui concerne la
flûte Patete, elle par contre n’a rien de glamour. C’est une flûte traversière
dans laquelle on souffle avec une narine, l’autre étant bouchée en l’appuyant
sur le tuyau. Alors j’ai essayé, mais à part envoyer trois kilos de morve dans
le bazar, j’ai pas réussi à produire un seul son potable. Je te dis pas la
tronche de Aïwéké Aloïké, le chef du village, quand je lui ai rendu son Patete
bouché aux deux extrémités.
C’est un peu passé de
mode, mais à une époque, à Twenké, tous les matins, les keums Wayanais qui
n’avaient pas pécho avec leur Kapau Yetpë, s’installaient très tôt sur le pas
de porte et se faisaient une battle de Patete, entre célibataire, pour masquer
l’ennuie, la déception et les sons orgasmiques à répétitions de toutes ces
poufiasses vénales qui elles, avaient chopé un bon mâle.
Sinon, toujours dans le
domaine de l’aérophone, un peu plus loin un peu plus près, des Andes, et pas
des étoiles, on trouve un instrument particulier appelé le sifflet
aquatique Péruvien. Alors celui-là, il faut vraiment le voir pour le croire. Ca
représente, grosso modo, deux récipients emboités l’un dans l’autre. Chez nous,
peuple français, héritier de la précieuse bourgeoisie maniérée et du délicat
vocable de Proust, on appellerait ça une théière siamoise. Chez moi, élément
indiscipliné d’un peuple civilisé au dialecte purifié, je dirais que ça
ressemble à deux clébards à demi collés après un rut effréné.
Les péruviens eux, ont
préféré en faire un instrument de musique, là où d’autres en auraient fait une
pissotière de voyage. Des mélomanes inspirés ces sud-américains. De vrais
artistes.
Alors pour revenir au
sifflet aquatique, ça se présente comme deux vases reliés par un conduit étroit.
Dans la partie de droite, on remplit l’instrument avec de l’eau, la partie de
gauche elle, servant de sifflet. Et on obtient des sons quand, en remplissant le
1er bol, l’air est chassé par l’eau et émet un sifflement. Mais on
peut aussi en obtenir en soufflant dedans, tout simplement. Un instrument de
pauvre je le conçois, mais un instrument raffiné. L’un n’ayant jamais empêché
pas l’autre, suffit de regarder le nombre de riches avec des goûts de chiottes.
Voilà, c’est tout pour
aujourd’hui. Mais avant de se quitter en musique avec The Wolfgangs et leur
titre Cannibal Family, prenons le temps de méditer ce message plein d’optimisme
et de confiance en l’homme et en son avenir. Un proverbe comme je les aime :
« Qui avale une noix
de coco fait confiance à son anus. »
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